D’où vient cette faible représentation des femmes dans le numérique ?

8%. C’est le pourcentage de femmes au sein d’Epitech qui, malgré des approches de recrutement toujours plus variées et inclusives, n’évolue que trop lentement.

Un petit historique est nécessaire tout d’abord. On peut s’interroger en premier lieu sur l’intérêt des deux sexes pour l’univers du numérique.

L’enquête faite par Social Builder (octobre-novembre 2017) révèle des résultats assez homogènes et élevés quant à cet intérêt. Deux tiers des 1.000 étudiants interrogés investissent ce domaine pour «  la créativité des métiers, l’attractivité des salaires et la flexibilité du travail  ». Ces chiffres sont confirmés par l’étude IPSOS commandée par Epitech en octobre 2021 afin d’identifier les freins se jouant en amont des études. 56% des lycéennes et 80% des lycéens se disent intéressés par les métiers de l’informatique et du digital.

Comment en sommes-nous arrivés à une telle situation ?

En 1970, il y avait de 30 à 50% de femmes dans la filière informatique, et en particulier le développement logiciel.

C’est en effet un domaine où il n’y a pas besoin de force physique, un domaine du tertiaire, pas encore marqué par une omniprésence masculine à cette période, le domaine étant encore trop récent. Les femmes avaient donc initialement toutes leurs chances dans ce secteur. Mais à partir du moment où les hommes ont réalisé qu’il s’agissait d’une filière stratégique, notamment en termes de marketing, d’automatisation et de télécommunications, ils l’ont investie en nombre.

De plus, à l’arrivée du micro-ordinateur, ils ont été les premiers équipés. Autour de ces équipements se sont créées des microcosmes d’adolescents, quasi exclusivement masculins. Cela a fondé une représentation du métier, renforcé par la pop culture (films, séries, clips musicaux), perpétuant ce préjugé d’un métier exclusivement masculin. Il y a, à ce jour, 10 à 15% de femmes dans les écoles d’ingénieurs en 2018 d’après Isabelle Collet. Parallèlement à ce constat, les femmes quittent de plus en plus la tech dans les 10 premières années de leur carrière (étude Genderscan 2019 auprès de 15.000 femmes : Les femmes dans la tech. Égalité salariale. Qualité de l’emploi. Articulation des vies professionnelle & personnelle).

Notre étude IPSOS a révélé le poids des parents dans les choix d’orientation, et la crainte partagée par les parents et lycéens/lycéennes que les femmes trouveront plus difficilement leur place dans cet environnement, pendant les études puis dans le monde du travail.  

En conclusion, quelles sont les facteurs et/ou paramètres…

…Expliquant le faible engouement pour ces formations ?

  • Le large panel de métiers et champs d’application du numérique est méconnu, ce terme englobant plusieurs dimensions : design, marketing, informatique, électronique. Si l’univers « marketing digital » ou « objets connectés » est plus évocateur d’après l’enquête Ipsos, des termes comme « informatique » ou « numérique » évoquent moins d’intérêt. 
  • La lisibilité des parcours de formation et connaissances des métiers est faible, certains parents ou lycéens les considérant comme des métiers trop techniques, ou monotones/ennuyants.
  • L’autocensure des femmes, même bonnes en maths au lycée et post-bac, est réelle. 

…Expliquant le départ de ces femmes de ce secteur une fois en poste ?

  • La culture geek exacerbe le sexisme. Les blagues récurrentes ou une atmosphère sexiste peut contribuer de façon insidieuse à inférioriser, déstabiliser, délégitimer les femmes dans le monde du travail. Entachées dans leur légitimité, confiance en elle, cela conduit alors à leur remise en question de leur place, compétences, menant petit à petit vers leur départ de certains métiers et fonctions.
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